Projet de loi 49 et création d'un Ordre des biologistes au Québec

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Isabelle

#12

2013-08-07 19:10

Je suis d'accord sur un certain nombre de problèmes potentiels soulevés par cette loi. Ce qui me questionne toutefois dans le cas présent et avec cette pétition c'est la solution qui est apportée, c'est à dire la création d'un ordre des biologistes de façon immédiate. Le problème actuel n'est en effet pas l'absence d'un ordre mais plutôt le fait que des actes soient réservés à d'autres corps de métier qui ont un lobby plus puissant. Ne devrait-on pas plutôt œuvre contre ce lobby plutôt que de créer un autre lobby nous-même. La création d'un ordre des biologistes avec des objectifs aussi louables soient-ils pourrait avoir des impacts importants sur le travail de d'autres professionnels (ex. techniciens) en écologie qui verraient leurs actes limités. Cela aurait aussi des impacts sur le travail des biologistes eux-mêmes. Est-ce pertinent de créer un ordre supposé garantir la compétence des membres pour un travail donné quant le travail des biologistes est très variable (surtout en écologie) et quant la compétence pour réaliser les expertises dépend avant tout de l'expérience. Ce ne sont pas tous les biologistes diplômés même avec un doctorat qui détiennent ainsi la compétence pour faire l'ensemble des inventaires de tous les taxons d'un site, de même que les analyses biochimiques et il serait utopique de penser que c'est même possible quant on regarde le nombre de taxons présents. La plupart des biologistes en effet, se spécialisent dans certains domaines au fil des expériences et bien souvent des amateurs ou des bacheliers peuvent être plus compétents pour réaliser certaines expertises qu'un biologiste détenant un doctorat, l'ornithologie et l'entomologie par exemple. La présence d'une cotisation de quelques centaines de dollars par année, de même que l'établissement de salaires minimums plus élevés (bien que louable) pourraient mettre en péril le travail des OSBL qui ne verront pas leurs budgets augmenter en proportion. La difficulté au sein de la majorité des ordres de critiquer librement le travail d'un collègue publiquement est également un problème potentiel important dans le domaine de l'écologie où les points de vue des biologistes travaillant au privé, au public et dans les OSBL sont souvent opposés. Verra-t-on également l'ordre prendre des positions quant à l'obligation de détenir des diplômes plus élevés que le BACC, tout comme présentement l'ordre des infirmières veut imposer un BACC plutôt qu'une technique ? Cela ne risque-t-il pas encore une fois de nuire aux OSBL en environnement qui ne disposent pas tous de budgets élevés permettant de payer des salaires plus élevés. Ne risque-ton pas de limiter l'accès à la profession à des personnes compétentes, mais qui ne disposent pas du salaire pour se payer des cotisations élevées (ex. congé de maternité, travail à temps partiel, travail bénévole, travail auprès d'OSBL à contrat) ou qui provenant d'un autre pays ou ayant acquis leur compétence de manière autodictate ne peuvent pas non plus se payer des années d'études ? Ce sont peut-être les biologistes membres de l'ordre qui gagneront plus de contrats, mais le public lui ne gagnera pas nécessairement en qualité des expertises ou en préservation de l'environnement. Qu'arrivera-t-il de la liberté de parole des membres ayant des positions parfois divergentes de la majorité ou quant aux prises de position de l'ordre quant à certains dossiers, si on considère que la majorité des membres travaillent au privé et au public ? Présentement dans beaucoup de dossiers, la seule opposition provient souvent des OSBL qui sont minoritaires et avec peu de moyens. La biologie et surtout l'écologie est en effet une science qui est rarement exacte et qui peut être matière à débat, beaucoup plus que dans des domaines comme la médecine ou la chimie. En quoi est-ce que le fait de détenir l'accréditation d'un ordre des biologistes pour signer une étude d'impact va garantir la compétence d'une étude d'impact alors que la qualité de cette étude dépend avant tout de la diversité et du grand nombre des expertises ayant été effectuées.

Et surtout avant de vouloir créer un ordre ne devrait-on pas considérer l'ENSEMBLE des biologistes qui seront directement touchées par cette loi. Il existe de nombreux biologistes non membres qui ne sont pas rejoints et qui n'ont pas été consultés dans les dernières années. Ils représentent peut-être d'ailleurs la majorité des diplômés et beaucoup ne sont pas membres de l'ABQ justement à cause de leur position contre la création d'un ordre. Il existe également comme moi, des membres contre, de même que des personnes ambivalentes. A-t-on vraiment pris le temps de peser les pour et les contres de la création d'un ordre qui aura des impacts directs sur leur travail et surtout de lancer un vrai débat public ?

Le problème de la conservation des ressources c'est avant tout l'assouplissement des lois environnementales et le manque de ressources pour les faire appliquer. Et malheureusement la création d'un ordre des biologistes ne permettra pas de changer cette situation. Je suis même plutôt inquiète pour ma part en regardant les différents problèmes que vivent les autres ordres à l'impact de la création d'un lobby des biologistes. Les ordres présents des autres professions n'ont pas permis de protéger contre les scandales et ont parfois même été une porte d'entrée pour un plus grand impact du privé dans certaines professions.

Réponses

Steve

#13 Re:

2013-08-07 20:35:56

#12: Isabelle -

Un commentaire plus que pertinent qui rejoint parfaitement mes inquiétudes étant moi-même technicien et biologiste. J'ai signé cette pétition afin de protéger nos emplois et de faire reconnaitre notre expertise.  Cependant, j'espère que l'ABQ prendra en considération ces inquiétudes et qu'une large consultation sera menée afin d'identifier les véritables noeuds du problème. Je ne suis pas prêt endosser la perte de formation telle que celle de technique en milieux naturels de Saint-Félicien ou les techniques de bioécologie (qui sont vitale pour certaines régions du Québec).

A force de rigidifier le cadre, on va manquer de flexibilité pour faire face aux interventions futures.