Courrier à Anne Hidalgo après la visite de Felipe VI


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2015-06-13 15:46

Peut-on reprocher au monarque actuel les crimes commis par les franquistes durant la guerre civile ? A l’évidence non. Et ceux perpétrés pendant la dictature ? Pas davantage ; il n’avait que sept ans à la mort du dictateur. Cependant il a hérité de cette couronne que Franco lui-même, avec des mains qui ont ratifié tant et tant de milliers de condamnations à mort prononcées par les tribunaux militaires, avait posée sur la tête de son géniteur. Juan Carlos n’a jamais critiqué le franquisme ni condamné ses crimes. Nous ne pensons pas que Felipe l’ait fait davantage.
Si l’Espagne a renoué avec des pratiques démocratiques et s’il est porté au crédit de l’ancien monarque de s’être opposé, en février 1981, à une tentative de coup de force des militaires et des nostalgiques du franquisme il n’en demeure pas moins vrai que, malgré la loi de "la Memoria Histórica" la balance n’est toujours pas équilibrée. Ceux qui sont tombés sous la bannière nationaliste ont été reconnus et honorés et leurs familles ont bénéficié d’aides multiples ; ceux qui ont été assassinés car ils défendaient la légalité républicaine gisent encore dans des fosses communes ou aux bords des chemins sans que leurs familles sachent où ils se trouvent, et les verdicts des tribunaux franquistes ont toujours force de loi.
C’est pourquoi la présence de Felipe à cette inauguration est insultante pour ces combattants de la Liberté que furent les républicains espagnols de "La Nueve" et plus largement pour tous ceux qui luttèrent pour défendre une République sortie des urnes en 1931 et qui en payèrent le prix fort. Elle est insultante pour tous ces disparus, leurs familles et leurs descendants.
En ce moment je pense à Aurora Navas Morillo, octogénaire décédée il y a un mois, et qui depuis toujours cherchait à savoir où se trouvait le corps de sa mère, Matilde Morillo Sánchez, institutrice assassinée par les phalangistes à son retour à Castuera au mois de mai 1939. Des cas aussi dramatiques que celui-ci se comptent par milliers. Qu’à fait Juan Carlos au long de ses presque quarante années de règne pour tenter de réparer et de refermer ces blessures ? Qu’on fait les politiques, du PP et du PSOE, qui se sont succédés au pouvoir pendant cette période ?
Vérité, Justice et réparation pour toutes les victimes du franquisme !
¡Viva la República !

Luis Garrido Orozco