Justice ici et maintenant

MANIFESTE POUR UNE SOCIÉTÉ JUSTE : ICI ET MAINTENANT

1

Nul ne choisit d’être pauvre;

Nul ne choisit d’être malade;

Nul ne choisit son talent;

Nul ne choisit de naître dans la misère;

Nul ne choisit d’avoir un parent alcoolique;

Nul ne choisit d’être un enfant battu.

NUL NE CHOISIT SA NAISSANCE

Et pourtant nous savons, grâce à la sociologie, à la psychologie, à la criminologie, à la neurologie… que ces faits ont une influence marquante sur la vie des individus. Nous savons qu’il est extrêmement difficile, et souvent impossible, de se libérer de ces déterminismes. Nous savons qu'il est question ici de chance et de hasard. C’est pourquoi les individus ne sauraient être tenus pleinement responsables de leur sort.

Ainsi, le devoir moral des gouvernants est de mettre en place des mesures pour pallier ces formes « d’injustice » des naissances, de mettre tout en œuvre pour diminuer les effets néfastes du hasard.

C’est la raison pour laquelle les gouvernants ont la responsabilité morale d’offrir des services gratuits et équivalents à tous les citoyens.

C’est aussi la raison pour laquelle l’éducation de base doit être publique, gratuite, et la même pour tous.

La justice est la plus grande invention et le plus grand achèvement des civilisations humaines.

2

Les humains sont motivés par :

La peur;

L’amour;

La paresse;

L’habitude;

Le formatage social;

Les préjugés;

La vengeance;

La colère.

 

LES HUMAINS NE SONT PAS QUE DES ÊTRES RATIONNELS

Et pourtant, nous continuons de prétendre que les humains agissent rationnellement, dans leur « intérêt », c’est-à-dire qu’ils choisissent, de façon éclairée, ce qui est préférable  pour eux, et que, ce faisant, ils contribuent à un marché qui ne peut que produire le bien commun. C’est le fondement de la loi du marché.

Mais si les clients ne choisissent pas ce qui est dans leur intérêt,  que devient alors la loi du marché?  Le marché ne sélectionnera pas ce qui est dans l'intérêt de la communauté, et  pourra même sélectionner ce qui va contre son intérêt. Il ne produira pas le bien commun.

Comme les êtres humains ne sont pas que rationnels, qu’ils n’agissent pas que dans leur intérêt,  et donc qu’ils n’agissent pas que dans leur intérêt rationnel, la loi du marché ne peut viser, ni produire, le bien commun.

 

Les humains agissent aussi

 

Par altruisme;

Par générosité;

Par devoir.

 

3

Toute société est le produit des individus qui la forment et, en tant que telle, leur doit l’existence. Ils sont des citoyens.

Tout individu est le produit de la société qui l’a éduqué et, en tant que tel, lui doit l'existence. Il est un citoyen.

Les relations entre les citoyens et la société sont donc des relations de droits et de devoirs.

TOUT CITOYEN DOIT CONTRIBUER DANS LA MESURE DE SES CAPACITÉS À UN PROJET DE SOCIÉTÉ JUSTE, ICI ET MAINTENANT

Il n’y a pas d’individus hors société. La plasticité humaine qui en fait l'être le plus adaptable de la planète, en fait aussi l’être le plus vulnérable. L’influence du milieu est le facteur dominant de sa formation. C’est la raison pour laquelle il en va de la responsabilité de la société de s’assurer que chaque citoyen qui la forme vive dans des conditions qui permettent son épanouissement.

Et comme tout individu est redevable de ce qu’il est et de ce qu’il a à la totalité de la société qui a rendu possible son existence, il est responsable envers cette société et envers ses citoyens.

4

C’est une insulte de nommer les citoyens « contribuables » et de les traiter comme tel. C’est une pire insulte de les nommer  « payeurs de taxes ». C’est une réduction de leur dignité à celle d’une machine à sous.

C’est aussi une insulte de traiter les usagers des institutions publiques comme des clients. Ce sont leurs institutions. Les citoyens ne s’engagent pas avec elles dans une relation d’affaire. 

Un client est une personne dont je tente d’obtenir le plus en donnant le moins. Le but de toute entreprise marchande est de tirer le maximum du client en lui faisant accepter l’idée que c’est « dans son intérêt ». Une institution publique ne peut avoir cette ambition.

 

La loi du marché est la loi de la jungle. Le postulat au cœur de la loi du marché, c’est-à-dire la compétition tous azimuts, est que si l’État se retire et laisse faire le marché, un ordre spontané se mettra en place, une organisation dont l’auteur serait la main invisible. Cet ordre spontané est celui de l'histoire de l’humanité. Toutefois, cette main est partout visible : c’est la main du pouvoir et de la domination; c’est la main de l’injustice. La nature, toute spontanée qu’elle soit, est « injuste ». C’est pourquoi la justice nécessite l’intervention humaine.

 

LA JUSTICE EST UNE CRÉATION DE L’HUMAIN, PEUT-ÊTRE SON PLUS GRAND ACCOMPLISSEMENT

 

Les citoyens, quoiqu’égaux en droit, ne sont pas égaux en fait. La société doit pallier cet état de fait dans la mesure du possible. C’est le devoir des citoyens et de la société de contribuer à une répartition juste des richesses.

5

 

L’austérité n’est pas un projet de société mais un exercice comptable;

L’avenir est incertain;

Il ne faut pas sacrifier de façon certaine le présent pour un avenir incertain;

Les humains ne sont pas des outils ou de simples moyens.

 

Il serait intéressant d’écrire l’histoire de toutes ces promesses d’un avenir meilleur faites aux êtres humains par leurs dirigeants.  On promet trop souvent que, si on se sacrifie aujourd’hui, ou, pire encore, si on sacrifie les autres aujourd’hui, l’avenir sera radieux. Le projet de société des gouvernements actuels, projet qui demeure obscur, exige le sacrifice des pauvres, des démunis, des sans voix, au nom d’un avenir toujours incertain et, de plus, indéfini.

 

À LA SUITE DE CES ANNÉES D’AUSTÉRITÉ, ON NOUS PROMET LA PROSPÉRITÉ. MAIS LA PROSPÉRITÉ DE QUI, POUR QUI ET POUR QUOI?

 

Il ne peut y avoir que deux justifications pour les actions d’une société : la justice, comme principe, et le bonheur collectif, comme but. L’austérité, pas plus qu’une prospérité hypothétique, ne peut représenter un projet de société.

 

6

 

Il n’y a pas de nature économique;

L’économie n'est pas une loi de la nature mais bien une construction humaine;

Les facteurs qui influencent l’économie échappent largement aux gouvernements locaux, mais pas la façon dont ces mêmes gouvernements traitent leurs citoyens.

 

LE DEVOIR DU GOUVERNEMENT  EST ENVERS SES CITOYENS, TOUS SES CITOYENS, ICI ET MAINTENANT

 

C’est aux êtres humains de choisir le type de rapport économique et social qui correspond à la société qu’ils veulent former et dans laquelle ils veulent vivre. Ce n’est pas en se basant sur une hypothétique nature économique qu’on pourra déterminer quels seront les rapports entre les humains.

 

7

 

Les humains partagent la planète;

Aucun environnement, aucun écosystème n’est isolé;

Les humains sont responsables les uns des autres;

Les actions humaines ont des effets sur la totalité des humains;

Comme sur la totalité de la planète.

 

LA PLANÈTE N’A PAS BESOIN DE NOUS, MAIS NOUS AVONS BESOIN D’ELLE

 

Les êtres humains sont une partie intégrante des différents écosystèmes auxquels ils sont directement liés. Mais chaque écosystème entretient avec la planète la même relation que chaque humain entretient avec la société. Aucun écosystème ne peut exister sans les autres, et la planète n’existe en tant qu’écosystème que comme la somme des écosystèmes qui la constituent. Les humains ne peuvent donc agir en ignorant l’effet de leurs actions sur les autres écosystèmes, et donc sur les autres humains, et sur les autres vivants.

 

C’EST À NOUS DE CHOISIR LA SOCIÉTÉ QUE NOUS VOULONS : UNE SOCIÉTÉ JUSTE, ICI ET MAINTENANT