Urgence Mali

PETITION – URGENCE MALI

Nous, maliens vivant à l’extérieur (émigrés et personnel travaillant dans les organisations internationales y compris le Système des Nations Unies, les ONGs, le Secteur privé, etc.), cadres  intellectuels, artistes, hommes de culture du Mali, sportifs du Mali, tous les amis africains et non africains du Mali, avons pris toute la mesure de la gravité de la situation actuelle.

Nous nous mobilisons face à  l’ampleur du chaos et du désastre humanitaire installés dans les régions nord du Mali.

Nous sommes conscients que ce qui arrive au Mali aujourd’hui n’est pas le fait du hasard encore moins le résultat de la  contingence. Cette situation menace gravement l’existence du Mali en tant que pays et porte les germes d’une dangereuse déstabilisation
de tout l’espace CEDEAO.

CONCERNANT LE COUP D’ETAT DU 22 MARS 2012

Nous avons constaté :

  • Que ce putsch a porté un coup fatal au Mali. Depuis, le pays vit  le plus grand désastre national et atteinte à sa dignité, le pire des cauchemars qu’aucun malien ne pouvait imaginer.
  • Que les putschistes ont justifié leur action par l’ « incompétence » du pouvoir ATT face au récurrent problème sécuritaire dans le nord de notre pays. Notamment, ils ont mis en avant les revers humiliants subis par les forces armées maliennes mal équipées et mal commandées face à des groupes armés « suréquipés » se réclamant du MNLA majoritairement constitués d’anciens militaires de l’armée de Kadhafi renversé par l’OTAN, d’Ansar Dine et en lien avec AQMI et des trafiquants de tous bords. Nous comprenons le sursaut d’orgueil de nos soldats face aux humiliations subies, mais cela ne justifie en aucune façon un coup d’état.
  • Que la chute du régime ATT a accéléré l’avancée des groupes armés qui ont infligé à l’armée malienne le plus grand revers jamais connu et porté un grand coup à l’honneur et à la dignité de tout le peuple malien.
  • Que le matériel militaire,  que les putschistes considèrent être en manque, au lieu d’être utilisé pour contrer les groupes armés envahisseurs du Mali, a été au contraire ‘’utilisé’’ pour perpétrer uncoup d’état violent, obscur, irresponsable avec destruction et pillage de bâtiments administratifs dont le palais présidentiel (symbole de l’Etat), pillage et saccage de biens publics et privés.

Nous déplorons avec inquiétude  que ce coup d’état rencontre une quelconque résonance favorable chez certains acteurs de la « révolution »  de mars 1991 au Mali dont un des acquis est l’élaboration et l’adoption de la Constitution de la 3ème République qui proclame solennellement (Article 121) «  Le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la constitution. La forme républicaine de l’Etat ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’Eta. Tout coup d’Etat ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien ».

CONCERNANT L’INVASION DES REGIONS NORD DU MALI PAR DES
GROUPES ARMES

Nous nous inclinons devant le corps de nos vaillants soldats martyrs tombés sur le champ d’honneur pour  la préservation de l’unité et de l’intégrité du Mali. Ils n’auront pas sacrifié leur vie  en vain. Une pensée pieuse aussi pour toutes les populations civiles injustement tuées.

Nous restons solidaires avec toutes les autres victimes civiles et militaires de cette insoutenable invasion.

Nous considérons les responsables de ces groupes armés égarés comme des terroristes et criminels de guerre passibles de poursuites judiciaires.

Nous avons constaté :

· Que les revendications de plus en plus fantaisistes, inédites et provocantes des groupes armés dans les régions nord du Mali, ont été favorisées par une gestion inconséquente de ce dossier par les régimes successifs. Gestion caractérisée par la politique des ‘’valises d’argent’’, le retrait des militaires positionnés au nord, le manque de restructuration et de modernisation proactives de l’armée nationale et l’intégration massive et clientéliste de bandits armés aux forces de défense et de sécurité.

. Qu’en plus des revendications de groupes armés, depuis longtemps le nord du Mali est aussi le théâtre d’évènements mettant en jeu d’importants intérêts financiers du fait de multiples trafics : drogue, armes, voitures, cigarettes, mais aussi otages. Il importe aussi de noter toute l’importance stratégique de la localité de Tessalit qui suscite des convoitises  depuis 1960, année de l’indépendance du Mali.

Nous considérons comme nulle et de nul effet la révoltante, et tristement ridicule, déclaration de l’indépendance de l’Azawad’’.

Nous dénonçons le choix délibéré et partisan que certains groupes de presse internationale ont fait de promouvoir et de vendre l’idée d’une ‘’rébellion touareg’’. Nous dénonçons aussi tous ces tendancieux relais diplomatiques et médiatiques qu’une certaine communauté internationale offre aux revendications fantaisistes des groupes armés qui assaillent et détruisent le Mali.

Considérant le chaos actuel au nord, nous posons à présent l’essentielle question suivante : A qui profite la ‘’rébellion touareg’’? Les ‘’Touaregs parents pauvres’’ du Mali ? AQMI et autres fanatiques religieux? Trafiquants ? Forces occultes ?

CONCERNANT LA SITUATION GENERALE

Nous estimons que le contexte exceptionnel actuel du Mali, ne permet pas d’organiser des élections apaisées et démocratiques dans le délai constitutionnel de quarante (40) jours.

Nous soutenons les efforts fournis par la CEDEAO, avec l’appui de la communauté international,  pour une sortie de crise institutionnelle et le rétablissement de l’unité et l’intégrité territoriale du Mali. Dans ce cadre, nous saluons l’esprit de l’accord cadre signé le 6 avril 2012 entre le CNRDRE et la CEDEAO. Cet accord même s’il n’est pas parfait a permis de limiter les dégâts par un ‘’retour’’ à l’ordre constitutionnel.

Nous comptons sur la vigilance et le courage des parties impliquées, y compris le médiateur à savoir le Président Blaise Compaoré, pour éviter le « colmatage consensuel » au nom de cet accord qui ne devra pas produire un bicéphalisme contre productif et dangereux au sommet de l’état. En particulier, vigilance pour ce qui concerne le rôle des putschistes dans les futures institutions de la transition.  Oui à leur implication dans le futur Comité militaire de suivi de la reforme des forces de défense et de sécurité.  Mais non à leur contrôle du  pouvoir de décision sur les grandes questions d’orientation de la transition.

Nous avons noté
d’une part une condamnation unanime du putsch par l’ensemble de la Communauté internationale et d’autre part son silence complice face à l’invasion du territoire malien par des bandits armés. Nous n’ignorons pas que la même communauté internationale a unanimement condamné la tristement ridicule proclamation de l’indépendance de l’Azawad. Le médecin après la mort ?

Nous prenons acte :

  • Du projet de loi d’amnistie générale au profit des membres du CNRDRE et leurs associés. Tout en saluant l’esprit de cette amnistie, qui est de renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale, nous considérons que les putschistes du 22 mars 2012 et leurs associés doivent un jour rendre compte au peuple malien qui doit connaitre la vérité sur les tenants et aboutissants de tous les coups d’états perpétrés au Mali.
  • De la démission du Président ATT dont le bilan mérite d’être fait dans un esprit juste et réconciliant, sans passion ni règlement de comptes.
  • De la désignation de Dioncounda Traoré comme Président de la République par intérim.

Nous lançons un appel pressant :

  • Aux putschistes du 22 mars 2012, pour renoncer à toute forme de confiscation du pouvoir et à prendre en otage le
    peuple malien.
  • A la composante saine et patriote de l’Armée malienne, pour rester fidèle à son serment de défendre le pays.
  • A tous les maliens de l’intérieur et de l’extérieur, pour une mobilisation générale pour dire non à toute forme de prise du pouvoir par la force. Pour dire non à l’agression du Mali par des groupes armés sans foi ni loi.
  • A toutes les forces vives du Mali, pour taire les querelles et malentendus d’hier et d’aujourd’hui, pour  se pencher comme un seul homme sur le cas du Mali véritablement en danger.
  • A toutes les populations civiles des régions de Gao, Kidal, Tombouctou, et de tout le pays, pour une résistance  contre l’invasion de notre  territoire légué par nos vaillants ancêtres qui n’ont jamais renégocié leur dignité. Nous demandons une union sacrée pour le sursaut national en vue d’éviter l’embrasement. Les grandes nations se sont toujours construites à partir d'évènements douloureux. Faisons en sorte que le drame actuel que vit le Mali, soit l'élément déclencheur du sursaut national salvateur. 
  • A la jeunesse malienne de l’intérieur et de l’extérieur, pour lui demander de rester mobilisée aujourd’hui et toujours pour assurer que le Mali reste Un et Indivisible.
  • Aux autoproclamés experts du Mali, pour s’abstenir d’alimenter  l’argumentaire des groupes armés par des affirmations non fondées du genre « Touaregs = Parents pauvres du Mali ». Nous leur demandons de se renseigner davantage sur l’histoire du Mali, de mieux étudier la géographie de la pauvreté au Mali en consultant les ouvrages publiés par des professionnels non contestés.
  • Aux groupes armés, pour arrêter l’escalade de la violence, renoncer à l’usage de la force comme moyen de revendication. Nous leur rappelons avec forte conviction et détermination que le Mali est et restera une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale.
  • A la classe politique malienne, y compris les candidats aux futures élections, pour constater qu’il est temps de comprendre et d’accepter que gouverner un pays c'est avant tout le servir et non s'en servir. Il est temps de donner un sens à la conquête et à l'exercice du pouvoir. Il est temps de comprendre qu'il y a un prix à payer pour mériter la dignité et l'honneur que les maliens  réclament  partout. On ne peut pas bâtir une grande nation sans avoir de sincères et grandes ambitions pour son pays et cela commence par notre comportement de tous les jours qui devra être guidé par le souci de la bonne gouvernance et non par un affairisme rampant, et un clientélisme sur un fond permanent d’opportunisme de tous genres.

Nous recommandons:

  • L’ouverture d’un corridor humanitaire par la CEDEAO, avec l’appui de la communauté internationale,  en vue de fournir aide et assistance aux populations civiles en détresse dans les régions occupées.
  • La mise en place d’un Conseil Suprême du Mali (CSM) qui sera l’Autorité Supérieure chargée de conduire une transition de deux (02) ans en vue de rétablir, avec l’appui de la CEDEAO et de la communauté internationale, l’unité et l’intégrité territoriale nécessaires à l’organisation d’élections libres, justes, transparentes et démocratiques sur toute l’étendue du territoire national. Une proposition de liste des membres de ce conseil est jointe en annexe.
  • La mise en place d’un Gouvernement d’union nationale qui travaillera sous l’autorité du CSM. Le Président du CSM, après consultations des autres membres, nomme le premier ministre, chef du gouvernement et disposant des pleins pouvoirs.
  • La nomination des membres du gouvernement sur la base de la compétence, du mérite, de l’intégrité et de l’engagement patriotique. Ne pourra être membre du gouvernement, une personne ayant été mêlée aux grands dossiers obscurs de corruption et de détournement tant civils que militaires des gouvernements  ATT, Alpha Oumar Konaré et Moussa Traoré. Les structures de contrôle de l’Etat (notamment le Bureau du Vérificateur Général) devront certifier l’éligibilité des candidatures.
  • D’engager, contre les responsables de tous les groupes armés envahisseurs du Mali, des poursuites judiciaires tant au niveau national qu’international pour association de malfaiteurs, agressions armées contre un état souverain, crimes de guerre, viols, pillages et saccages de biens publics et privés.
  • Un audit pédagogique intégral des différents coups d’état perpétrés au Mali en 1968, 1991 et 2012 en vue de révéler la vérité au peuple malien qui a besoin de savoir qui a manipulé et récupéré ses revendications et aspirations légitimes. Il a besoin de connaître la vérité pour en tirer l’enseignement qui s’impose afin de bâtir un Mali définitivement  stable, uni, solidaire et maître de son destin.

Proposition de membres pour le Conseil Suprême du Mali

  • Les  présidents des institutions de la République (Assemblée Nationale, Cour Suprême, Cour  Constitutionnelle, Haute Cour de Justice, Haut Conseil des Collectivités  Territoriales, Conseil Economique, Social et Culturel)
  • Les anciens présidents de l'Assemblée Nationale 
  • Les  présidents de groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale
  • Les  représentants de la classe politique
  • Les leaders religieux : Haut Conseil Islamique, Eglise Catholique, Eglise  Protestante
  • Les  représentantes des groupements des femmes
  • Représentant des jeunes par région (1 par région)
  • Conseil de sages et personnes ressources par  région (2 par région)
  • Les  Représentants de la Société Civile
  • Le Représentant du COREN (Collectif des Ressortissants du Nord)
  • Le  président du Haut Conseil des maliens de l’extérieur
  • Le Vérificateur général

Maliens de l'extérieur et amis du Mali    Contacter l'auteur de la pétition