Ensemble contre les cotisations déguisées OACIQ 2013

lindaratte@gmail.com

/ #97 fière courtière vs OACIQ

2013-10-14 19:43

M. Nicolas Marceau
Ministre des Finances et de l’Économie
12, rue Saint-Louis, 1er étage
Québec (Québec) G1R 5L3

Monsieur le Ministre,

J’apprécie énormément que vous nous ayez ouvert la porte en prenant le temps d’examiner la cause des courtiers immobiliers de la province qui questionnent les agissements de l’organisme sensé nous représenter.

Vous trouverez ci bas copie de mon message à Monsieur Serge Brousseau, président de l’OACIQ, en date du 4 octobre dernier. Bien qu’un délai nous ait été accordé depuis pour suivre la formation en ligne avant le 3 mars 2014, le reste des enjeux n’a pas encore été adressé.

Pour ma part, il est clair qu’une mauvaise administration des fonds constitués de nos cotisations annuelles, a commandé cette obligation de formation onéreuse pour deux heures en ligne, sans préavis et sous peine de sanction. Je vous demande très respectueusement de vous pencher au plus tôt sur la gestion de cet organisme, son administration des dépenses. Je pense entre autres aux luxueux locaux occupés depuis peu, la masse salariale, les dépenses de toutes sortes, et les sommes englouties dans un type de publicité devant nous servir mais qui s’avère inefficace. Ainsi, la présente formation, qui amènerait plusieurs millions de dollars dans leurs coffres (les directeurs d’agences devant en plus suivre une deuxième formation obligatoire) ne semble que servir à éponger un déficit dont nous venons de découvrir l’ampleur.

Le fait que l’organisme puisse « s’auto-réglementer » sans nous ayons droit de parole alors que nous payons des cotisations annuelles très élevées est inadmissible. Qu’il puisse se doter de règlements qui servent notre profession est une chose, mais qu’il agisse au détriment de ceux qui l’alimentent ne peut que soulever l’ire de tous les praticiens de cette profession, même ceux qui ne prendront pas le temps de faire entendre leur voix.

Les buts et la mission de l’OACIQ, tels que présentés depuis sa migration de l’ACAIQ, paraissaient louables, mais quelque 5000 signataires d’une pétition amorcée il y a quelques semaines, n’en sont plus convaincus. La frustration et le découragement sont palpables et il nous faut une action conjointe qui corrige la situation avant que la marmite explose.

En tant que travailleuse autonome du domaine de l’immobilier, j’ai certes des obligations, mais indéniablement aussi des droits. Je suis fière de la profession que j’ai choisie il y a 24 ans et entend le rester jusqu’à ma retraite et, d’ici là, je tiens à ce qu’on me respecte.

Linda Ratté
Courtier immobilier, Agence immoblière Hélène Lauzier Inc.
1279 Avenue Maguire, Québec G1T 1Z2

Message à M. Serge Brousseau, Président de l’OACIQ

La vidéo que vous avez fait parvenir à tous les courtiers cette semaine démontre bien, pardonnez-moi, que vous n’avez pas saisi l’ampleur de la situation ni le pourquoi de l’indignation manifestée par beaucoup d’entre nous.

L’obligation de formation à court avis, assortie d’une menace que je qualifie d’infantilisante pour les travailleurs autonomes que nous sommes, de nous retirer nos permis si nous ne nous conformons pas d’ici la fin novembre, est carrément inacceptable. Comprenez bien que je ne suis pas contre la formation continue, au contraire; elle est nécessaire dans toute profession qui évolue. Toutefois, chaque courtier et agence ayant déjà acquitté des droits annuels pour devenir titulaire d’un permis d’exercer, je m’attends à ce que ledit permis demeure valide tout au long de l’année sans qu’on vienne le remettre en question en brandissant une sorte d’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et en changeant les règles établies.

Ce n’est pas tant le coût de 150$ de la formation qui choque, c’est le contexte d’obligation, de court délai et de sanction qui y sont reliés. Que l’on paie pour des formations optionnelles, soit, mais que l’on paie pour des formations obligatoires, et bien non, surtout qu’il n’en fut jamais mention lors du dernier renouvellement de permis. De plus, beaucoup d’entre nous ont déjà suivi cette formation donnée par la syndic en 2008 et obtenu leurs UFC. Est-ce que la collaboration entre courtiers a tant changé ou que la formation donnée alors était tellement inadéquate qu’il faille recommencer ? Je comprends votre point de vue pour ceux qui ne l’ont jamais suivi et qui devraient le faire afin d’uniformiser la pratique, mais pourquoi alors ne pas leur accorder jusqu’en avril, soit d’ici le prochain renouvellement, et surtout sans frais additionnels pour le faire ? Aussi, pourquoi demander aux « agréés » de suivre une formation supplémentaire lorsqu’ils n’ont pas l’intention d’engager d’autres courtiers et de devenir dirigeants d’agence? Est-ce que l’organisme est à ce point à court d’argent qu’il faille vite piger dans les poches de tout le monde avant la fin de l’année ? Je me questionne…

Ah oui, il est vrai que depuis l’adoption de vos derniers règlements internes, l’organisme a maintenant ce droit de décision sans avis ou consensus des courtiers; dans cette optique, l’organisme porte bien son nom « d’autoréglementation ». Mais est-ce une bonne pratique démocratique envers les courtiers ? Puisque le sujet du jour est la collaboration, est-ce respectueux envers les courtiers qui, par leur travail, apportent l’eau au moulin et collaborent au maintien dudit organisme ? Imaginez un moment si nous nous permettions unilatéralement de changer les clauses des contrats que nous obtenons de nos clients, quelle serait leur réaction ? Comme la mission première de l’organisme est de protéger le public, il devient évident qu’il se sert des courtiers et de leur contribution financière pour mener à bien cette mission et ce, au détriment même de ces derniers.

Ces questionnements et réflexions, Monsieur Brousseau, sont partagées par plusieurs de mes collègues et amènent beaucoup d’entre nous à se demander si l’OACIQ dans sa forme actuelle est vraiment ce qu’il nous faut pour assurer notre avenir de professionnels de l’immobilier. Nous sommes plusieurs à penser qu’il faudra, plus tôt que tard, devenir un ordre professionnel, tout comme les notaires, les médecins ou les ingénieurs. La structure n’étant pas très différente, il serait peut-être facile de migrer vers cette avenue.

Cela nous permettrait de nous doter d’une vraie loi qui a un impact auprès du public et obliger le consommateur à retenir les services d’un courtier pour toute transaction immobilière et payer, à l’acte, à l’heure, peu importe, mais qu’il soit reconnu et rémunéré à sa juste valeur pour ses conseils et sa pratique. Cela nous permettrait assurément de contrer le courtage illégal ou celui qui se fait actuellement à la limite de la légalité, comme affichent certains « verts » de ce monde et autres qui n’ont pas fini d’affluer. La récente décision du tribunal contre l’organisme leur donne du vent dans les voiles et nous devons nous rendre à l’évidence que, malgré toutes les sommes que vous avez consacré à une certaine publicité en faveur des courtiers, cet objectif n’a de toute évidence eu que peu d’impact.

Devant la réaction de mes collègues et devant le marché en pleine mutation, je pense qu’il est temps de réfléchir sérieusement au cadre dans lequel nous voulons évoluer et afin de défendre nos droits et obtenir le respect que nous méritons.

Très respectueusement, je souhaite et espère que l’OACIQ reconsidère rapidement sa positon d’une formation obligatoire payante avec menace de sanction.