Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

Quoted post

JF Brun

#134

2012-09-08 21:08

"Alors, pour en revenir au début, cette "unité" que vous Manifestez, n'est-elle pas évidente dans la littérature? Mistral (et dans sa graphie d'origine, svp!) n'est-il pas un formidable emblème pour la culture d'oc? Et Boudou (toujours dans sa graphie d'origine, et surtout pas en mistralien!) n'en est-il pas un autre ?"

Vous voyez qu'on finit par tomber d'accord!

Vous avez exactement défini l'unité dont parle notre manifeste. Et qui est par définition diverse. ça paraît absurde et pourtant es aquí lo nis de la sèrp, nòstra realitat sens masqueta, descruscada de totas las ideologias. L'evidéncia. Mas la cau metre au lum e la cau afortir!

Vous êtes même à certains endroits moins mistralien que moi puisque la provençalisation de la petite Camargue vous défrise un peu alors que (bien qu'aimant le languedocien de ces villages et notamment celui de A. Langlade) je la considère comme un fait positif pour notre culture d'Oc!

Et pour défendre le Cévenol, syntaxe, phonétique, textes, vous devinez que je vous approuve à 200% ... je fais pareil pour le montpelliérain. D'ailleurs j'aurais vraiment du mal à faire de ces deux parler des "langues d'Oc" différentes!

Notre groupe du PEN n'est pas réservé aux "grands" écrivains mais aux personnes écrivant en Oc qui adhèrent aux valeurs humanistes du PEN international (définies dans sa charte qui n'ont pas grand rapport malgré l'homophonie avec celles de Marine du même nom).

...

Moun car ami, vesès ben que vous demoro pas qu'à signa noste manifèste!

Réponses

J F Brun

#135 Re:

2012-09-08 23:05:57

#134: JF Brun -  Moi si je lisais Léontine GOIRAND et tous les félibres poètes dans une graphie non mistralienne, j'y perdrais beaucoup, et même l'essentiel

 Aquí divergissèm un pauquet, mas es pas qu'afar de sentida, de "feeling"... ieu ai transcrich tot Langlade en grafia occitana e me sembla que pren mai de relèu e que sembla un grand classic. Parièr per l'edicion que faguère de Dezeuze l'Escotaire (marrit còp que li joguère, el se trufava de Perbòsc).

Particularitat dau montpelhieirenc: sa grafia "felibrenca" engimbrada per Roqueferrièr e la Societat de las Lengas Romanas anóncia de tan pròche l'occitana que se pòt considerar coma un estat embrionari d'aquesta, un pauc coma la de Perbòsc e Estiu. Sufís de cambiar "ou" en "o" e "iè" en iá. Aquò pòt explicar que sentiguèsse pas de rompedura o de traïdura, tot lo rebors.

Mas es segur que lo tèxt de referéncia es coma es estat publicat a son epòca, coma quand en francés legissèm Rabelais o Montaigne. Mas aquò es verai per los letrats que mestrejan d'a fons la lenga, e per la pedagogia, d'adaptacions graficas (perqué pas dins los dos sens?) demòran preciosas. Cultivar lo purisme de las grafias es tanben d'elitisme e d'embarrament. Cau pensar a aqueles qu'aprenon e que sabon pas res. Cau que poguèsson banhar dins la lenga.

 

Ive Gourgaud

#137 Re:

2012-09-09 00:03:05

#134: JF Brun -

Vous dites: "Et pour défendre le Cévenol, syntaxe, phonétique, textes, vous devinez que je vous approuve à 200% ... je fais pareil pour le montpelliérain. D'ailleurs j'aurais vraiment du mal à faire de ces deux parler des "langues d'Oc" différentes! ", et considéré de votre point de vue occitaniste, je le conçois parfaitement. Mais je suis né d'une mère qui est des confins des parlers d'oc avec les français (tout près de Montluçon) et d'un père qui est des confins des parlers d'oc avec les francoprovençaux (tout près de Firminy), alors je trouve que ces "différences" ou ces "proximités" restent toujours relatives: pour moi un parler "francoprovençal" de la vallée du Gier n'est pas étranger à mon patois de St-Didier-en-Velay, et d'ailleurs il y a un occitaniste qui veut publier EN GRAPHIE OCCITANE l'oeuvre d'un poète félibre de cette région de Firminy, parce qu'il costate lui aussi que c'est "la même langue". Bref le contact étroit avec les parlers-frontières montre qu'il n'y a... pas de frontière, en tout cas pas de ressentie comme telle par les usagers (j'avais fait mon mémoire de maîtrise, à mon époque occitaniste, sur ces parlers-frontière) Les frontières sont celles que notre culture, notre formation, notre idéologie placent de façon radicale, "pour faire propre" ou plutôt pour simplifier les choses. Après, on affirme sans rire que c'est une donnée "scientifique", que d'ailleurs "tout le monde sait cela", et le tour est joué. Voyez le fameux "serbo-croate", qui n'aura pas résisté à la fin de la Yougoslavie:à l'heure actuelle (vous devez en savoir quelque chose au PEN), essayez de leur dire qu'ils parlent la même langue! Pareil pour les Corses, qui "techniquement parlant" (merci Philippe!) sont de langue "italienne" mais se sentent de langue corse; et on pourrait multiplier les exemples, sans même sortir d'Europe: croyez-vous qu'il existe de vraies différences entre biélorusse et russe? Entre le biélorusse parlé en Pologne (Bialystok) et le polonais de la même région ? Entre le galicien et le portugais ? Entre le slovène et le croate? Entre le macédonien et le monténégrin ? Tout est alors question de "feeling" comme vous dites, et il n'y a rien de plus agaçant que ces occitanistes qui veulent diffuser leurs "vérités" avec ces "tout le monde sait bien que..." ou "ilo est évident que..." ou "les linguistes sérieux disent que..."

Et c'est précisément cela qui m'agace dans votre Manifeste, ces "évidences" qui n'en sont que pour vous. Elles sont respectables bien sûr, mais elles ne sont pas forcément partagées et de plus mes évidences à moi me semblent tout aussi respectables. je suis sensibles aux variétés, vous êtes sensible à l'unité... or toute langue est faite d'unité ET de variété.

Des langues, comme vous le déplorez, il en meurt tous les ans... mais il en naît aussi: du Latin sont nées plein de jolies petites langues (petites par rapport au latin, hé...), alors pourquoi la naissance de "petites langues" comme le Niçois ou le Cévenol serait-elle inenvisageable? Leur trop grande ressemblance avec leurs voisines ? Je viens de vous donner quelques exemples, en Europe, d'énormes ressemblances qui n'empêchent pas la différentiation. Non, il n'existe aucun critère "scientifique" pour déclarer qu'il n'y a qu'UNE langue d'oc et pas davantage pour déclarer le contraire! Le feeliong, toujours, le sentiment d'appartenir à une communauté forte et consciente (je parle des Cévennes), et aussi, pourquoi pas, le sentiment très positif que la langue peut se sauver à ce niveaude proximité, davantage qu'avec une immense Occitanie.

Prenez le cas de ce jeune écrivain qui a écrit un immense roman en 3 tomes: il a cru à cette "unité de la langue, dans l'espace comme dans le temps", et du coiup il a allègrement ùmélangé formes médiévales et modernes, formes gasconnes et provençales: un monstre hybride qui lui a valu plus de lazzi que de louanges. Votre idéologie, si elle est mal assimilée, peut avoir des conséquences dramatiques EN LITTERATURE: vous savez bien qu'il faut bien connaître (et aimer, donc respecter) une FORME LOCALE pour écrire une langue authentique, et que le mélange des genres conduit à des catastrophes. Bien sûr, il y a Mistral qui lui a du génie et peut donc choisir (avec parcimonie, quand même) des mots dans d'autres parlers que le sien: pour un jeune écrivain, c'est un exemple qui peut être fatal:il faut dire aux jeunes écrivains qu'ils doivent obligatoirement être ancrés dans un parler. Or votre idéologie tend à produire le contraire: des jeunes qui certes parlent sans problème (j'en ai été plusieurs fois le témoin), mais une langue aseptisée, un espéranto farci de METEIS et de AMB deux formes qui résument à elles seules
par leur imbécile volonté de "faire l"unité", le danger que courent nos langues authentiques:même Taupiac s'en est rendu compte, c'est dire à quel point AMB est monstrueux! Détail, me direz-vous? mais le diable est dans les détails, comme vous savez.

Bref je ne pourrais signer un Manifeste qui exprime de façon unilatérale ce qui devrait être l'objet d'un consensus après discussions et concessions  de part et d'autre