les avoirs de la Tunisie aux Tunisiens

Radio-Canada a appris que le gouvernement canadien cherche à garder une partie des biens que le clan de l'ex-président déchu de la Tunisie possède au pays.

Par exemple, une maison à Westmount appartient au gendre préféré de l'ex-président de la Tunisie. Mais le propriétaire a pris la fuite au Qatar sans payer ses comptes, ni les taxes.

C'est un des rares biens connus du clan de Ben Ali au Canada.

L'idée de partager ces biens révolte la diaspora tunisienne d'ici. Sonia Djelidi, du Collectif tunisien au Canada, est indignée. « On parle de butin, de quel butin on parle? Qu'est-ce qui reste? Le gouvernement canadien a pris tellement de temps pour geler les biens que le clan a pu dilapider tous ses avoirs ici », dit-elle.

Selon nos sources, le Canada réclamerait jusqu'à la moitié des biens confisqués. Plus tôt cette semaine, le Canada a participé à une réunion en Suisse sur la restitution des biens des dictateurs arabes. L'avocat engagé par le gouvernement tunisien pour récupérer la fortune du clan Ben Ali y était.

http://img.src.ca/2011/01/27/352x198/110127belhassen_trabelsi_tunisie_6.jpgBelhassen Trabelsi, beau frère du président tunisien déchu Ben Ali, a trouvé refuge au Canada.

« Je trouve ça assez choquant. Ça ne se partage pas comme ça et ça ne se partagera pas comme ça », nous a déclaré l'avocat du gouvernement tunisien Enrico Monfrini, joint au téléphone.

L'usage voudrait que le Canada en garde beaucoup moins, nous explique Me Monfrini, moins de 5 %.

« C'est de l'argent mal acquis, volé, par un groupe mafieux. Et là, le Canada va partager de l'argent volé? C'est ce qui nous scandalise », explique Sonia Djelidi.

Le ministère des Affaires étrangères n'a pas voulu commenter nos informations. Il souligne qu'il faudra s'entendre avec la Tunisie sur cette question du partage.

Depuis un an, c'est le silence du côté d'Ottawa. Le gouvernement canadien refuse de dire quels sont les biens saisis, à qui ils ont été saisis et la somme que cela représente. D'autres pays, dont la Suisse, ont fait preuve de beaucoup plus de transparence.

D'après le reportage d'Anne Panasuk